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Ratri
The footnotes are made for private communication between Klaus and Pradip. They are of the following type: 1 Notes in French from the printed edition. These are to remain in the next printed edition. 2 Notes in English, on names and facts: These are to be checked by Pradip and if he approves of them, they have to be translated into French and incorporated into the next French edition. 3 Notes on French vocabulary and some rare English words: Klaus made these for himself after consulting his French dictionary. They are private and will be omitted in the final Internet edition and the next printed edition. Klaus himself will remove these in due course. 4 Some of these vocabulary notes, however, indicate places where Klaus had trouble in understanding the text. Pradip is therefore asked to read all these notes carefully, and comment on the correct interpretation. 5 Some notes point out possible misprints in the printed edition, queries on spelling and layout etc. Pradip is asked to scrutinese carefully all notes which contain question marks or treble question marks (???). It is essential that he provides reponses to these. 6 zip file: there is a file called ratri.zip on the internet. Pradip, ask one of your computer-iterate friends to download it and to print it out. (Inside the zip file is an rtf file.) If you have nobody to do this for you, go to an Internet Café or a Cybercafe in Calcutta and ask their staff to download the zip file and to print it out for you. 7 Attend not only to my queries, but scrutinise your poems and essays meticulously. I have followed the printed edition as closely as I could, but I will have made errors of my own and the printed edition may have contained errors (accents, capitalisation, bold type, indentation, line breaks [not necessary on larger size paper], etc, which I have copied. THIS IS YOUR CHANCE TO REMOVE THESE ERRORS. 8 Mark all mistakes IN RED legibly on the print-out of my version. Send back to me only those pages on which you have written comments. I do not need the others. (Save postage.) 9 I will then carry out all your corrections and post them on the Internet again so that you can check once more. At the same time, I will remove my personal vocabulary notes. We will then have a version which can be sent to your intended publisher in the west. (In fact all you have to do is to send him the website address and he can immediately get the corrected zip file.) 10 I can **not** communicate about my queries concerning this ms. by letter, fax or phone. Letter is too slow and expensive; I have no time to write letters about small queries, like commas etc.; my fax does not work, neither do the Indian fax lines when I have tried them; phone and telegramme is too expensive. If we are to communicate smoothly and work well together (without this becoming a full-time job for me [which I cannot afford, since I have grave financial problems], you, Pradip, have to get yourself onto the Internet. Ideally you have to do
the following: If you cannot afford to have your own computer, you can communicate with me via a Cybercafe. Someone in Calcutta has to teach you the most economic ways of using such facilities. 11 Once you are on the Internet you will be able to communicate instantly, efficiently and cheaply not only with me, but also with your poet friends and publishers all over the world, provided they have stayed young and have not turned their back on modern culture. It will get your out of potential isolation in Calcutta. New York, Paris and Tokyo and London, will be as close to you as Bangalore. You can read French, English and Canadian, etc, newspapers daily at no cost. You have the world at your fingertips. Try it out at a Cybercafe in Calcutta. Tell them to find 'Le Monde' for you, and read the current edition. - Note: re turning one's back on modern culture: Many people do this long before they attain our age. I, by contrast, regard it as 'my moral duty' (or call it 'religion'; or whatever) to face up to the world as it is, to embrace it with open arms, and that includes new developments in society, men and women who come across my way, and not to frown resentfully on what is new, on the young and their habits, etc, as so many people do once they are beyond 50. That's why I am now, for example, at the forefront of new computer developments (in particular webpage creation). 12 Note that your present Internet edition of Ratri can be read by all your friends, all over the world right now on the Net. All you have to do is to give them the address. But do not do it yet. Let us remove the errors first. Good luck. Love, Klaus (end of private notes) %%p 6 Du même auteur en anglais - My Rapid Activities (Clandestine, 1965) en français - L'Existence phénoménale de Jack Kérouac: Son
Influence sur la conscience moderne (Tempus Fugit, Belgique, 1987)
%%p 9
La dernière guerre, faite de près de six années de violence en Europe, deux de moins pour les Américains, avait ébranlé profondément des habitudes de vie tranquille et rassurante, malgré scandales et soubresauts financiers, prises en seulement vingt années de paix. Il semblait qu'un nouveau monde émergeât du chaos, de part et d'autre de l'Atlantique, sur un fond d'inquiète interrogation. Déjà dans l'immédiat avant-guerre Henry Miller avait violemment attaqué les fondements hypocritement moraux de l'Establishment d'Outre-océan. C'étaient, à partir de 1934, des oeuvres telles que "Tropique du cancer", "Tropique du capricorne", "Printemps noir", "Le monde du sexe". Et l'on sait que, comme dans toutes les armées du monde entre deux batailles, les G.I. n'avaient pas manqué de se défouler en Europe et dans le Pacifique. Or la reconstruction, le rééquipement civil et l'antagonisme Est-Ouest exigeaient qu'on fit rapidement quelque chose, comme avec frénésie. La classe politico-militariste ne se résolvait pas à désarmer et entretenait une psychose de menace, notamment avec les interventions en Corée et en Indochine, et administrait des condamnations regrettables. La jeunesse, qui se trouvait impliquée malgré elle dans ces préoccupations, ressentait plus que d'autres l'inquiétude du temps et, s'agitant sur des rythmes nouveaux, s'évadait des incertitudes en découvrant des paradis artificiels renouvelables à volonté. Une nouvelle génération d'écrivains et de poètes, la "Beat Generation", qui avaient lu Rimbaud, Lautréamont, Artaud, Michaux, Céline et Genêt, surenchérissent sur Miller dont ils se savent les continuateurs, et "démolissent" le langage de l'expression poétique et littéraire, au bénéfice d'une écriture immédiate et instinctive, sans autre souci que dire ce qu'ils pensent en eux-mêmes. Les catalyseurs de l'inspiration sont la drogue, l'alcool et le sexe dans des groupes pratiquant l'échange fraternel, voire le bouddhisme, le zen et l'exotisme dans une recherche d'extase et de nirvana, prélude à la composition.
Ce premier mouvement de révolte, que laissent pressentir dans les pays d'ouest les crises financières de 1929 et, chez nous, celles politiques des années précédant la seconde guerre mondiale, en avait donc dénoncé les fondements moraux, plus formels que réels. Déjà Rabindranath Tagore, peu avant de mourir en 1941, qualifiait cette guerre d'effondrement d'une civilisation qui avait péché par orgueil. Affaiblies par un effort de guerre démesuré, les nations occidentales étaient incapables de s'opposer à la montée des nationalismes dans les pays colonisés, lesquels avaient eux-mêmes payé le tribut du sang dans l'enrôlement auquel on les soumettait. Les pays communistes, avec de carcans d'encadrement social qui semblaient encore immuables, échappaient à cette dépression et se montraient assurés de leur destin. Quant à l'Inde, c'était toujours le pays des castes respectueuses de leur rang dans la société, des vaches sacrées, de la contemplation intérieure et de la transcendance spirituelle, malgré les luttes pour l'indépendance et la partition religieuse. Mais chaque jour de moins en moins, sans doute. Car la société en place étant là aussi ce qu'elle était, les idées venues d'Occident n'avaient pas manqué de faire leur chemin. C'est ainsi qu'a 1964 un groupe de jeunes poètes de Calcutta publiait, sous la titre "Hungry Generation", un recueil collectif qui éclatait comme une bombe. Comme aux Etats-Unis et en Europe, la presse parla de corruption de l'esprit, d'obscenité et de conspiration contre la société. Arrêtés et maltraités, ces garçons furent chassés de leur emploi et l'un d'eux, Pradip Choudhuri, renvoyé de la célèbre université Visva-Bharati fondée par Tagore. Time Magazine s'empara de l'affaire, provoquant le soutien de l'arrière-ban , des poètes du monde "souterrain". Le City Lights Journal de Ferlinghetti, Kulch ur (pour Culture) vinrent à la rescousse. Un des accusés, condamné à une amende qui'l ne pouvait payer, dans un pays où un riche était entouré de mille pauvres, écrivit: "Je dépraverai et corromprai l'homme jusqu'à ce qu'il soit sain ... je veux ramener la poésie à la vie." La guérison du mal devait venir de l'excès du mal, démystifié, ainsi que d'un vaccin. Ces poètes, qui se rebellaient contre une société hypocrite, s'étaient nourris des mêmes lectures que leurs grandes frères occidentaux, mais avaient aussi pu bénéficier de l'expérience de ceux-ci: Miller, Ferlinghetti, Ginsberg, Kerouac, Burroughs, Snyder, ... Leur thème, comme l'indiquait le nom de leur manifeste, était la faim: de nourritures, de liberté, d'honnêteté, de vérité, de justice. Si la situation sociale était bien pire qu'en Occident, les moyens n'avaient pas changé ... Eux aussi étaient des révolutionnaires de l'expression, utilisant tout le langage de l'homme, avec ces images, ces cris et ces manifestations du sentiment que leurs pères gardaient honteusement au fond d'eux-mêmes. Leurs écrits sont donc pleins de désespoir, de terreur, d'horreur, de frustration, de pessimisme, de nihilisme morbide, de perversité. Le poète bengali Tagore exprimait dans sa poésie une religion au dieu universel. Ceux-ci veulent créer une religion dont l'homme est le dieu. Le groupe, par la suite, éclata en factions indépendantes, voire rivale. Quelques-uns de ses membres ont fait leur chemin dans une société qu'ils avaient attaqué et renié leurs oeuvres de jeunesse. Cependant, trente ans après cette explosion, Choudhuri est resté fidèle à sa révolte. Sans doute a-telle pris des accents moins abrupts, mais plus profonds. Il a rédigé un essai pour un congrès tenu à Montréal on 1987, "L'existence phénoménale de Jack Kerouac: son influence sur la conscience moderne", et un autre publié dans une revue "Le faux nom qu'était Jack Kerouac." Ecrivant en bengali, en anglais et an français, il édite une revue "Pphoo" dont le seul titre résume son attitude inchangée envers les médias de la société, avec des textes dans ces trois langues. Il a publié en 1990 un recueil de précédentes publications sous le titre "The Black Hole", qui en fait représente la société sous la forme du célèbre "Trou noir" de Calcutta, un réduit sans air ni lumière où, au début de la conquête de l'Inde en 1756, 146 Anglais furent enfermés une nuit par les Bengalis: au matin, 23 d'entre eux restaient vivants. Voici deux poèmes de Choudhuri qui présentent deux aspects différents de l'auteur: l'un de pacifisme et l'autre d'ironie sceptique. L'extrait qui suit nous présente un autre personnage, postérieur au précédent, qui a atteint un certain état de béatitude contemplative, tournée vers des horizons intérieurs: Des signaux de guerre flamboient d'une planète Des ceinturons desserrés tombent des tailles
des soldats Leur "Mot d'ordre" est celui dé Liberté,
Une main noire est entrée dans mon sang: Feuilletant les pages d'un ouvrage de géographie ... Quand il n'y aura aucune clameur
environnante Cette vie même qui s'étend au-delà des
significations Chaque soir je me repose sur mon toit J'aime le chant et la voix qui chante. Il y a dans ces poèmes de la belle et bonne poésie. Ces poètes de la "Hungry Generation", qui ne sont surtout pas des versificateurs, ont beaucoup de choses à nous dire, telles qu'ils les voient, les pensent ou les sentent dans leur conscience. Et que ce soit Jack Kerouac lorsqu'il parle de ses parents, que ce soit Allen Ginsberg avec son "Hurlement" , qui était fait pour être hurlé sur les places, sur les toits et dans les rues (ces deux poètes faisant partie de la "Beat Generation"), que ce soit Pradip Choudhuri dans ces trois textes, il y a davantage de poésie, et de poésie poignante par des images qui vont au-delà des mots, que dans des poèmes rimés et bien rangés qui parlent de fleurs. La poésie forte, c'est la vie autour de nous et, surtout, la vie de l'homme. C'est la conscience éveillée du monde. Or j'ai entendu quelqu'un, à qui j'en parlais, dire que cela n'avait été qu'une mode et que ces poètes n'ont rien laissé. C'est trop vite dit, et trop catégoriquement, pour ne pas être l'opinion rassurante, à usage propre, de ceux qui veulent que la vie de l'homme continue comme l'histoire nous la montre depuis plusieurs millénaires, avec les haines et les massacres entre races, entre nations, entre ethnies, entre villages, et que la société reste ce qu'elle est, avec ses règles et sa morale à l'usage des autres, de ceux qui ne peuvent y échapper. Avec sa frénésie d'argent par tous les moyens. Et, pour ces derniers, l'on sait quels sont les plus efficaces. Le poète latin Juvénal, reprenant les mots prêtés à Vespasien, disait déjà: "L'argent n'a pas d'odeur d'où qu'il vienne." Certes, aucune mode littéraire ne peut se vanter d'avoir changé le monde. Mais est-ce qu'une idéologie, une religion, un code de lois ont tellement changé le coeur de l'homme? Les guerres modernes, avec des moyens étudiés pour cela, ne font-elles pas plus de victimes que celles du terrible Sargon II d'Assyrie? La politique, nationale et internationale, est une scène de théâtre pour le bon people, qui n'y est pas initié: le vrai jeu est dans les coulisses. Juvénal dénonçait ainsi la pratique des empereurs romains, qui avent compris cela: "Panem et circenses!" du pain et des jeux et le peuple est satisfait. Notre bien-être est fait de cela et suffit à bon nombre d'entre nous, qui ne voulons connaître que le petit cercle protecteur et rassurant que nous nous sommes constitué. Et, précisément, ce besoin que nous avons d'être rassurés ne nous montre-t-il pas que nous sommes menacés par des forces occultes sur lesquelles, isolés, nous n'avons aucun pouvoir. Mais l'évolution du monde est ainsi matérialisée par le fait que certaines choses, un temps obligatoirement celées , aient pu être dites, même si des mots que - par pudeur, disons-nous - nous voulons ignorer nous choquent: en fait, ce qui dérange la tranquillité acquise choque. Or ces vérités sont toujours bonnes à dire, car l'homme risque d'être de plus en plus menacé par des puissances d'intérêts qui se groupent chaque jour et dictent la politique aux gouvernants du monde, lesquels ne sont plus guère que des mandataires . Nous devons cependant espérer - car l'espoir est la plus grande force motrice de l'homme - que cette conscience collective, étape supérieure de l'évolution de l'homme annoncée par Teilhard de Chardin, prenne le pas sur les égoïsmes individuels. Or je crois fermement que, plus qu'une future menace de "Guerre des Mondes" en notre galaxie, ou d'une plus réelle guerre intercontinentale, les révoltes de l'esprit telles que celles de la Beat Generation et de Hungry Generation y aident. Note: L'ensemble de cette préface a été publié par "An Amzer", No. 17, 1995, dans un article du même auteur intitulé "Hungry Generation". Le premier et le dernier alinéas ont été publiés par "Rimbaud Revue", No. 6/7, d'avril 1996, dans un article de l'auteur intitulé "Les Beatniks".
L'hinterland de ma vie:
Je réintègre le Hall après une petite En ce mois de mai, midi a jeté En regardant la foule inquiète Le décor est posé. Derrière le rideau de fond, un language en
morse. Un couteau de cuisine rutilant Sous le soleil de midi Vas-y, saisis ce couteau brillant. Mais finalement rien ne se passe.
Je suis le plus jeune écervelé ivre et ivrogne Je cours vers chaque salle à manger %%p 25
Bon, oui, on s'est tenu sur deux planètes
rivales La voix humaine jaillissant Dans la deuxième moitié de ma vie, ce Toute mon interaction est colorée par Comme dans une extase, je me déplace du salon
de la cité La peur seule nous rapproche Femme, Jayeeta attend avec impatience %%p 27 ... entendu, tout rêve est contre-productif, Des amis, tels une horde de roses à demi
ouvertes Se tenant entre les deux collines de la vérité Je regarde leurs mains Je regarde en moi:
Je ne vois rien à sauver. Je remarque chaque beau visage D'abord le corps mystérieux du terroir La "faim" finale est sans amour %%p 30 Des contrecoups et de scènes d'un jeu
d'actualité Sa langue est vénéneuse Bélart Syd ou George
L'une me saisit la main, Et, de la même façon, une autre dit:
Un flot au milieu du ciel Une goutte de sang tombe dans l'obscurité
Un corps s'entasse en des mots... mais qui
puis-je offrir 100 vierges, est-ce vous - ou est-ce la
poussière La blessure de la répugnance envahit mon àme
seulement
Vous les martyrs des mots il est temps pour vous d'être allégés de %%p 35 Des machines affamées hurlent encore
Minuit Chaque mère sait
Les veines du corps Emancipation?
Les morceaux de mes lettres éparpillées Au loin, une bande de chasseurs est en train de Leur danse guerrière et amoureuse au milieu des
phoques stupides - La borne géographique, ça n'est plus jamais Les prisonniers de la civilisation avec des
jumelles Toute la nuit je regarde à l'horizon d'ouest Je me suis assis dans la forêt moderne de
Calcutta. Une fois, un de leurs rubans roses
En Inde
montre-nous ton visage qui biffera nos activités l'histoire des hommes sortait ceux qui avançaient ???kb query: / in line 3 from bottom: deliberate?
au revoir le fumeur étranger et la femme joué beaucoup je n'avais pas de montre c'est au milieu de la foule de femmes quelle heure est-il, s'il vous plaît... qui arrive près de moi comme un parfum intime il y a un pique-nique cette nuit.
c'est mon écritoire . les ténèbres mon corps ne tremble qu'un moment. adieu mon petit dahlia! tiens, Jayeeta! le ciel en haut c'est mystérieux comme
toujours. à l'intérieur du sein, la haine et alors, avec une bouche empuantie et nous sommes des habitués du cadavre et ceux qui avant la naissance d'amour oui, le voilà. en face dahlia, adieu mon petit! hi! Jayeeta! un jour aussi un garçon observait et l'assassin revint seul près de moi à minuit.
nulle cicatrice de cette vie blanche sûr tes
lèvres de simples baisers du bout des lèvres de vous,
conscience vide je me suis déchiré et ouvert sept regards oh! est sang humain oh! piège ludique de la ville qu'est-ce qui est arrivé à l'école? ah! combien cela m'est nécessaire: même dans le donjon des immeubles je détruirai nulle issue
Celui que je prends comme guide me mène à Car je me suis trompé de chemin et j'ai oublié L'homme grand, en pyjama et tricot de corps, Il m'a dit "Viens". L'herbe fanée et l'herbe qui repousse Je reprends mes sens mais le plan Je mentionne une zone près de mon but L'un et l'autre demandent des roupies dix
quinze ou vingt Je ne sais pas me décider Alors naturellement, avant que l'inévitable Mon fils dans toute sa puberté me vient à
l'ésprit, Regardant par ma fenêtre La mère affectueuse Mais voilà qu'il frappe un coup à la porte C'est fini - Un cauchemar m'éveille alors complètement - Seule la touche personnelle de l'amour provoque
Maintes fois j'ai tourné et retourné Mais c'est un fait que nous haïssons tous
La mort, sous l'apparence Pourquoi MOI A maintes reprises je me bats violemment
Bien des fois au crépuscule la terre me tenant ici, bien souvent, en fumant
C'est enfin l'obscurité ronde Une cité alternative, avec de la musique, des
explosions Un autre monde se forme S'étant infiltrée en moi Nos jeux précieux et nos doux baisers Ratri sait que je suis seul et ne trouverai pas
Je ne suis ni un disciple ni un ennemi de Dieu Ratri sait quand, dans les dernier moments La tuerie est terminée Ratri et moi sommes face à face Ça, c'est mon monde En explorant le centre de Black Hole
Ceci est le contre-courant de la rivière - Quelquefois
A Christine Zwingmann Il fut un temps il ne sera pas permis à l'homme de devenir insensible un jour hélas! libre conception
%%p 67
----- ... toutes mes expérimentations quelles qu'elles soient dans l'acte d'écrire sont normalement menées pendant l'heure que je passe dans la salle d'eau. Lorsque je mets la plume au papier, je n'ai pas à me creuser la tête sur un thème nouveau ou des mots propres. Tous mes textes lisibles sont simples, aussi impondérables qu'une énigme. ----- Quand on dit 'Mouvement Littéraire', il faut comprendre que ce terme populaire banal, quelque peu érotique, signifie qu'il n'y absolument aucun mouvement: tout individu engagé dans la littérature a besoin, au moins pour un temps, de prendre le chemin d'un exil silencieux. Lorsque je considère les événements qui se sont succédés au nom de mouvements littéraires pendant les quelque 25 dernières années, je peux facilement voir les vains efforts humains, la contre-productivité, je peux sentir l'odeur de la corruption et comprendre finalement le remords sans signification d'un "hélas! quel dommage!", l'abîme sans fond qui engloutit l'ame! Je ne suis pas venu à cette vue trop simplifiée à partir seulement de la littérature bengali. J'y suis venu par mon observation sur plusieurs décennies des principaux mouvements du monde entier, du Surréalisme à la Beat Generation, de "Kallol" et "Anarya" jusqu'à ma propre Hungry Generation. En y regardant bien, on ne peut qu'être stupéfait de voir comment les militants portant guirlande en main, ces bandes immenses d'impuissants qui étaient au premier rang de chaque mouvement d'alors, défilaient drapeau en tête dans le quartier périphérique de la prostitution. Sahitya-palli ou bien avaient déjà vendu leur âme à un mouvement-fantoche encore plus grand, dirigé et commandé par la classe du pouvoir et la machine de guerre conjointement ou indépendamment. Pour autant que je sache, la situation dans les autres pays n'est pas aussi sinistre qu'ici, surtout parce-qu'une grande partie du public (le public des poètes) peut se permettre d'acheter des livres et les achète. Mais ici, je vois ceux qui étaient à un moment donné les camelots d'un mouvément devenir rapidement des écrivains-employés de l'éditeur Anandam (mot sanscrit qui signifie "félicité pure" et est un des attributs de Brahman dans la philosophie des Vedanta, empoisonnant l'atmosphère et corrompant les poètes en herbe. Voilà à quoi ressemblent ces mouvements. Assez! En effet, c'est là mon expérience d'une trentaine d'années. A l'exception de quelques poètes amis, le seul stimulus qui motivait ces prétendus rebelles et ces faux anti-conformistes tenait en ceci: "Je veux devenir un écrivain-employé". Inutile de mentionner les 80 pour cent des chasseurs de gloire en-dehors de Calcutta, car ce sont eux, les employés d'Anandam, cette maison de passe internationalement célébrée, qui sont chargés de promouvoir la fièvre érotique. Je cite: "... pensez-y, les gars! une affaire de trois mois et demi seulement, peut-être six, tout au plus un an. Ne pouvez-vous donc manger régulièrement notre scatologie multicolore pendant cette courte période? Après cela, par Dieu! quel enfant de putain sur la terre osera vous ignorer? C'est moi qui le dis, et savez-vous qui je suis? Je suis, en littérature, çe que Bradman est en-cricket. Exactement! Je suis honoré à la fois par la Droite et la Gauche!..." En somme, voilà la véritable image des héros des mouvements littéraires ici, lesquels sont soutenus à la fois par les lecteurs hypocrites des classes moyennes et les intellectuels grassement payés, qui ne sont rien d'autre que de pauvres pantins . Hélas! le succès. Mais ceci ne peut en aucun cas être la vraie nature d'un mouvement littéraire: Ceux qui ont déjà compris cette conjuration, les jeunes espoirs qui bouillent de la tête aux pieds dans leur fournaise créative intérieure, vont-ils accepter un héritage comme celui-là, ici ou là et partout dans le monde? Je suis sûr que la réponse est NON! Ils vont alors lâcher un pet sonore sur ces média scatologiques et anandams, pour entreprendre leur propre mouvement. Ils ne devront pas assumer le rôle de toutou comme les écrivains-employés. Le caractère inévitablement turbulent de ***leur*** mouvement, à ces débutants, comme celui de la Hungry Generation des années 60 et 70, les stimulera comme il stimulera les néo-lecteurs, afin de traverser finalement le seuil de l'anarchie et de l'imagination et de trouver l'apaisement dans la vision unique de l'individualité. Dès la première ligne d'un poème enfanté de l'incendie de la forêt urbaine, la société commencera à frissonner; en vain, ces écrivains en lune de miel chercheront-ils à composer une ou deux lignes. Eh bien! où en êtes-vous donc, frères "ciseleur de coquillages "? Très vite, quelques-uns deviendront des ermites et finiront par partir pour Bhopal (capitale choisie arbitrairement de la Province du Centre, région très pluvieuse, d'un relief difficile avec de nombreuses forêts, où sont parlées un grand nombre de langues et où existent encore un grand nombre de tribus primitives; c'est une région relativement peu peuplée en comparaison du reste de l'Inde) où ils ouvriront le tuyau de gaz délétère . A la longue, LA VIE ET LA MORT D'UN VERITABLE MOUVEMENT LITTERAIRE influenceront le niveau de conscience et de l'écrivain et du lecteur en ce sens-ci ou en ce sens-là. Des semences et des germes mystérieux de vraie créativité ont toujours pu, à l'origine, être cachés dans le mouvement et aller finalement au-delà du mouvement. Je suis absolument persuadé que d'innombrables sociétés de pouvoir sont disposées et alignées à ma droite et à ma gauche, d'une extrémité à l'autre de l'espace: quelque part la roquette froide est toujours prête, quelque part l'écueil pointu autour de la ville-océan. Notre vie sur terre continue à s'écouler normalement, sans nul souci de rien. Le musique colorée et les vagues en colère d'une poésie aux baisers de la mer s'élancent en avant et se brisent contre ces terribles écueils. PAN et APOLLON tout nus, des poètes en délire par le monde, de nouvelles vagues turbulentes dans des rayons de lune déferlent contre cette civilisation bâtie sur l'acier, ignorant toutes les sociétés de pouvoir, progressant vers la zone de silence aux myriades de couleurs où, passé le faîte de l'excitation, la mer silencieuse est là, invitante! Les sociétés de pouvoir sont aussi réelles que nos vies dilatées et désordonnées. La vitesse de croissance et l'amplitude d'un mouvement littéraire sont toujours proportionnées à l'effet de retard dû à la société, lequel, en un sens, est positif. Ce paradoxe apparent est vrai non seulement en ce qui concerne quelques-uns de mes amis poètes en Inde et, avec les "Post-Beats indépendants", par tout le monde, mais est vrai, en fait, pour tout esprit créatif branché sur la ***Vie***, lequel esprit est, en dernière analyse, anticonformiste par nature. De tels vrais poètes déploient sans cesse la plénitude de la vie. Le premier mouvement (littéraire!) anticonformiste est né avec la révolte prométhéenne et l'aventure est même sans fin dans notre vie limitée en son mouvement vers la mort. C'est pourquoi aucune lutte et aucune dynamite ne peuvent "achever" cette société de pouvoir appelée "Vie". C'est uniquement la poésie, mouvement de notre vie animée, qui est capable de balayer cette société, la balayant seulement pour la revitaliser. Il me faut encore découvrir pour moi-même quel niveau de non-classification je devrai atteindre pour déraciner la contradiction entre le mode de vie que mes copains d'un temps montrent et leurs clichés au moyen de termes percutants comme "idéalistes", "anti-poésie", et "protestation", "conceptuel" et ainsi de suite. Je ne me creuse plus la tête - en ai-je seulement une? - sur ce qui s'est passé au long de ces trois dernières décennies. Quel paradis réconfortant cela aurait dû être. En fait, c'est moi qui n'ai pas pu sortir de la vie. Ou bien je n'ai pas pu rester inébranlable sur le champ de bataille, ou bien la bataille même avait cessé au moment crucial où j'avais senti vraiment en moi: "Voilà! Je suis prêt..." Quant à mon mode spécial de vie, j'ai été marié à moi-même et moulé sur moi-même, et c'est cela le plus important, c'est cela que j'ai dû attendre trois décennies. Comme résultat, la courbe de mon propre mouvement devient graduellement plus accentuée. Dans mon écriture, un autre nouveau mouvement se développe de façon poignante, un mouvement vers une nouvelle vie redéfinie (par moi-même). Cette fois, elle n'est pas confinée à la ville et à la mer ou à des semences. Et maintenant, voyez comme les apogées bizarres du ciel sont descendus dans l'arène de mon mouvement. C'est l'obscurité épaisse de RATRI (la nuit) qui seule peut arrêter les vagues de mon imagination en leur intensité anarchique. Après avoir déraciné moi-même toutes les montagnes de l'obstruction, j'ai créé ce Black Hole (qui évoque sans nul doute l'historique Trou Noir de Calcutta où, pendant la conquête de l'Inde en 1756, 146 soldats anglais furent faits prisonniers par les Bengalis et enfermés dans une étroite cave sans air et sans lumière: la nuit passée, 23 d'entre eux étaient vivants). Il n'y a aucune place pour n'importe quelle société de pouvoir dans ce Black Hole de créativité. Aucune place même pour ce pouvoir qu'on appelle anticonformisme. Je n'ai tout simplement pas le temps de vitupérer les "Bradmans" tels que celui cité ci-dessus. Et je n'ai pas la moindre intention de modifier le langage que j'ai créé pour moi-même. Dans mes propres limites, je suis presque entièrement au centre de la vie. Les chants répercutés de "POESIE-RELIGION" - laquelle est mouvement - m'ont frappé directement la poitrine nue des coins les plus éloignés de la terre, de Québec à Calcutta. Le reste de l'histoire qui pourrait dire la façon dont un mouvement littéraire passe d'une vie à l'autre, d'une génération à la suivante, demeure dans la conscience animale, sensuelle et sensitive d'un poète.
Couverture: RATRI, photomontage de Bruno Sourdin
Paul Georgelin, né à Plouguenast dans les Côtes d'Armor, est un ancien officier supérieur de l'Armée de l'Air dont la formation est essentiellement linguistique. Ceci lui a permis de publier de nombreux articles sur ce sujet (le nom collectif dans les langues chamito-sémitiques: le nom collectif dans les langues indo-européennes) et sur des sujets historico-folkloriques (promenade en Espagne mauresque; Marseille, première ville de France; les deux Bretagnes; les peuples bretons, etc.) Par désir de connaître des poètes il en et venu à rédiger des articles sur Sapho, Rabindranath Tagore, Dante, les littératures de langue d'oc et d'oïl en Italie, etc.) Amoureux de la poésie des troubadours au sujet de laquelle il a quelques projets - traductions et chroniques - il s'intéresse aussi à la poésie moderne: "Beat Generation", "Hungry Generation", mouvement littéraire paradoxiste... C'est justement à propos de la "Hungry Generation" dont l'un des grands représentants est le poète Indien Pradip Choudhuri qu'il a rédigé cet article (La Poésie Indienne Moderne). Alain Le Roux
© Edition Pphoo, 1996
Pradip Choudhuri (né le 5 février 1943) est un poète bengali qui se situe, d'une façon, très obstinée, dans la lignée de Kérouac et de l'aventure Beat. On découvre régulièrement son nom au sommaire des revues beat et post-beat, qu'elles soient éditées au Canada ("Alpha Beat Soup"), aux Etats-Unis ("Inkblot"), au Japon ("Blue Jacket"), ou en Belgique ("Fugit Tempus"). On l'a retrouvé en bonne compagnie (celle d'Allen Ginsberg, de Lawrence Ferlinghetti, de John Montgomery et de Joy Walsh) dans l'anthologie "Québec Kérouac Blues" publiée à Montréal à l'occasion de la rencontre Jack Kérouac de 1987. A Calcutta, il a créé sa propre revue, "Pphoo", dans laquelle il a imposé une relecture fervente de la saga du vagabond céleste. Chez Jack, qu'il appelle son "frère éternel", il aime, d'une manière obsédante, la soif de la liberté, l'amour de toute chose et plus encore, cette capacité de trouver, au-milieu de la vaste route, l'éternel silence "où tout a un sens car rien n'a un sens comme lorsque l'on est en état de satori ". Voici encore ce qu'il écrit: "Je connais toute la signification de l'expression "nostalgie de Ti-jean" et l'horreur de ce moment qui vous paralyse quand vous extirpez votre foie pour savoir qui vous êtes dans une vaste ville comme Calcutta". Calcutta. Effroi et terreur. Aucun poète au monde n'est peut-être mieux placé que Pradip pour observer journellement la folie et l'étrangeté du monde, l'incroyable jeu du monde (la "lila" des textes sacrés hindous). Avec un petit groupe de poètes ardents et révoltés, Pradip a formé, vers 1964, la Hungry Generation, qui partage beaucoup d'objectifs de la Beat Generation américaine (révolte contre le conformisme, contre l'académisme littéraire et' l'ordre social). "Quand le mouvement de la Hungry Generation est apparu, il a fait l'effet d'une bombe au cobalt sur la scène littéraire somnolente de Calcutta." Ces jeunes gens se sont mis à secouer très fort le cocotier . Résultat: Choudhuri à été arrêté, accusé d'obscénité (comme Ginsberg en Amérique) et expulsé de l'Université Visva-Bharati . Par la suite, la Hungry Generation a donné naissance à une littérature différente, alternative, qui a balancé quelques beaux pavés contre l'establishment culturel indien (que Pradip appelle joliment "le merdier séculaire de la tradition littéraire bengali"). Depuis, ce terrible vent d'Est souffle sur la route. Ecoutez son chant acide, nerveux, énergique, insensé, halluciné. C'est le blues déjanté de Calcutta. Un sacré feu de Bengale. Bruno Sourdin
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Contact address: Mr Pradip Choudhuri Tel: 00-91-33-2413 0170 |
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